 
          3013
        
        
          Étude expérimentale d’une technique de filtration radiale pour une application
        
        
          au sein de Barrières Perméables Réactives (BPR)
        
        
          Experimental study of radial filtration in Permeable Reactive Barriers (PRB)
        
        
          Courcelles B.
        
        
          
            École Polytechnique de Montréal
          
        
        
          RÉSUMÉ: Les Barrières Perméables Réactives (BPR) constituent une technique de réhabilitation environnementale utilisant le
        
        
          gradient naturel de l’eau souterraine pour la diriger vers un filtre réactif capable de traiter les contaminants. Une des principales
        
        
          configurations géométriques consiste à canaliser l’eau vers un filtre réactif dans lequel l’écoulement est vertical ascendant. La
        
        
          traversée de plusieurs mètres de filtre peut toutefois générer des pertes de charges importantes, qui perturbent l’écoulement régional et
        
        
          conduisent au contournement du système. Afin de limiter ces pertes de charges, un nouveau filtre à écoulement radial visant à réduire
        
        
          la longueur de cheminement dans le matériau réactif a été conçu à l’École Polytechnique de Montréal. La présente étude vise à
        
        
          vérifier expérimentalement les hypothèses du concept de filtre radial et à caractériser ses performances hydrauliques comparativement
        
        
          aux filtres traditionnels. Les résultats démontrent que les filtres radiaux permettent effectivement de limiter les pertes de charges,
        
        
          améliorant ainsi substantiellement l’hydraulique des filtres et augmentant le champ d’application des BPR, en particulier aux
        
        
          aquifères n’autorisant que peu de pertes de charges sous peine de contournement du système de traitement.
        
        
          ABSTRACT: Permeable Reactive Barriers (PRB) constitute an environmental remediation technique in which natural gradients are
        
        
          exploited to channel the groundwater towards a reactive filter. One of the main geometric configurations consists in realizing an
        
        
          upward vertical filtration in a reactive filter able to treat the contaminants. Crossing several meters of filter can however generate
        
        
          excessive head losses, modify the regional flow and lead to a bypass of the system. To minimize these head losses, a new radial-flow
        
        
          filter consisting in reducing the filtration length has been developed at Polytechnique Montreal. The present study aims to
        
        
          experimentally verify the assumptions of the radial filtration and characterize its hydraulic performances compared to traditional
        
        
          filters. The results show that radial filters can effectively reduce head losses, improve substantially the hydraulic of filters and increase
        
        
          the scope of PBRs, in particular to aquifers allowing few head losses to prevent any bypass.
        
        
          MOTS-CLÉS: barrières perméables réactives, filtration, milieux granulaires, réseau d’écoulement, décontamination.
        
        
          1 INTRODUCTION
        
        
          Pour faire face aux problèmes d’augmentation des sites
        
        
          contaminés, les Barrières Perméables Réactives (BPR)
        
        
          constituent une technique de réhabilitation in situ efficace pour
        
        
          le traitement des eaux souterraines (Blowes et al. 1995). Leur
        
        
          originalité réside dans l'exploitation des gradients naturels pour
        
        
          diriger l'eau souterraine vers un matériau réactif capable de la
        
        
          décontaminer par dégradation, adsorption ou précipitation. Cette
        
        
          technique ne nécessite ainsi aucun apport d’énergie externe, ce
        
        
          qui réduit considérablement les frais d’exploitation lors de la
        
        
          réhabilitation d’un site contaminé (RECORD, 2010).
        
        
          Les BPR sont habituellement mises en œuvre selon trois
        
        
          grandes configurations géométriques: (1) un mur continu
        
        
          constitué de tranchées remplies de matériau réactif ou de puits
        
        
          d'injection de réactifs (Blowes et al 1995), (2) une configuration
        
        
          avec porte filtrante (usuellement dénommée « funnel-and-
        
        
          gate ») composée de deux parois imperméables canalisant le
        
        
          panache contaminé vers une zone réactive (Starr et Cherry
        
        
          1994), et (3) une configuration en caisson qui est une variante
        
        
          de la précédente dans laquelle la filtration s’effectue de manière
        
        
          verticale ascendante (Porter 1998, Warner et al. 1998).
        
        
          Les murs continus représentent la configuration la plus
        
        
          commune pour les BPR (Blowes et al. 1995). Ils sont
        
        
          habituellement composés de matériaux réactifs installés en aval
        
        
          d’un panache de contamination, perpendiculaire à l'écoulement
        
        
          des eaux souterraines. Comme ils constituent la configuration
        
        
          historique de BPR, ces murs continus ont été largement mis en
        
        
          œuvre et leur efficacité a été documentée dans la littérature
        
        
          (O'Hannesin et Gillham 1998). Une méthode de conception est
        
        
          également dédiée à cette configuration et s'appuie sur le temps
        
        
          de séjour des polluants dans le milieu réactif (Gavaskar et al.
        
        
          1998, Powell et al. 1998).
        
        
          Dans la configuration « funnel-and-gate », deux parois
        
        
          imperméables sont préalablement réalisées dans le sol. Il peut
        
        
          s’agir de parois minces, de parois composites, de palplanches ou
        
        
          encore de murs en coulis bentonite-ciment. Un matériau réactif
        
        
          est ensuite mis en place à l’exutoire de ces parois imperméables
        
        
          après excavation, sol-mixing ou tranchage. Dans cette
        
        
          configuration, le support réactif est placé verticalement et
        
        
          perpendiculairement à l'écoulement des eaux souterraines et la
        
        
          filtration est réalisée horizontalement.
        
        
          Comme variante de la géométrie précédente, une
        
        
          configuration avec écoulement vertical ascendant dans un
        
        
          caisson réactif a été mise au point. Ces caissons sont la plupart
        
        
          du temps de forme cylindrique ou parallélépipédique et deux
        
        
          configurations différentes ont été développées et brevetées par
        
        
          Soletanche-Bachy (filtres cylindriques) et l'Université de
        
        
          Waterloo (filtres parallélépipédiques). Cet écoulement vertical
        
        
          ascendant dans des filtres réactifs manufacturés est ainsi plus
        
        
          uniforme (Elder  2000) et facilite la maintenance (Courcelles
        
        
          2007).
        
        
          La conception de BPR repose principalement sur trois
        
        
          aspects techniques: (1) le milieu réactif doit être adapté aux
        
        
          contaminants et sa sélection doit tenir compte de facteurs tels la
        
        
          géochimie, les conditions biologiques et hydrogéologiques du
        
        
          site, (2) la taille des filtres doit être sélectionnée pour assurer un
        
        
          temps de séjour suffisant et garantir des réactions complètes
        
        
          (Shoemaker et al. 1995, O'Hannesin et Gillham 1998, Warren et
        
        
          al. 1995), et finalement (3) le matériau réactif doit avoir une