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          Méthodes non traditionnelles de traitement des sols : apports techniques et impact
        
        
          sur le bilan environnemental d’un ouvrage en terre.
        
        
          Soil treatment with non traditional additives in earthworks: evaluation of the technical and
        
        
          environmental improvements.
        
        
          Blanck G.
        
        
          
            Agence de l’environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, Angers, France
          
        
        
          
            LEMTA (CNRS, UMR 7563), Université de Lorraine, France.
          
        
        
          Cuisinier O., Masrouri F.
        
        
          
            LEMTA (CNRS, UMR 7563), Université de Lorraine, France.
          
        
        
          RÉSUMÉ : Dans le contexte actuel de fort développement des problématiques environnementales, la mise au point de techniques
        
        
          permettant de valoriser au mieux les matériaux de terrassement tout en limitant l’impact environnemental des chantiers est devenue un
        
        
          enjeu majeur. L’une des solutions innovantes proposées est d’utiliser des sous-produits industriels organiques en traitement des sols.
        
        
          Ainsi, l’objectif de cette étude est d’évaluer les apports de trois produits non traditionnels (un produit acide, un produit enzymatique et
        
        
          un lignosulfonate) sur le compactage et la portance d’un limon et d’en évaluer les effets sur le bilan environnemental d’un ouvrage en
        
        
          terre. Dans un premier temps, les résultats expérimentaux ont montré que les traitements enzymatique et au lignosulfonate
        
        
          permettaient d’augmenter les masses volumiques sèches atteintes et d’économiser de l’eau lors de la mise en œuvre du limon à
        
        
          condition que sa teneur en eau initiale soit faible. Dans un second temps, la comparaison des impacts environnementaux des deux
        
        
          traitements effectuée suivant la méthode d’analyse du cycle de vie, a permis d’identifier la variante ayant l’impact environnemental le
        
        
          plus restreint.
        
        
          ABSTRACT: Sustainable development principles lead earthworks companies to use all natural materials on the construction site and
        
        
          to reduce the environmental impact of their activities. In this context, the use of industrial organic products has been proposed. The
        
        
          aim of this study is to characterize the modification of compaction and bearing capacity of a silt treated with three non-traditional
        
        
          additives (an acid solution, an enzymatic solution and a lignosulfonate). Observed modifications of the compaction properties showed
        
        
          interesting applications for the compaction of the silt when its natural water content is low. For the enzymatic and lignosulfonate
        
        
          treatments, savings of water could be expected during the construction stage. For these two treatments, a comparison of the global
        
        
          environmental impact was made thanks to a life cycle assessment study.
        
        
          MOTS-CLÉS : Terrassement, traitements non traditionnels, compactage, analyse du cycle de vie, impact environnemental.
        
        
          KEYWORDS: Earthworks, nontraditional treatments, compaction, life cycle assessment, environmental impact.
        
        
          1 INTRODUCTION
        
        
          La prise en compte des problématiques de développement
        
        
          durable tend à se généraliser dans le monde de l’entreprise tous
        
        
          secteurs confondus. Cette démarche conduit à proposer et à
        
        
          mettre en œuvre des solutions techniques toujours plus
        
        
          respectueuses de l’environnement et des populations sans mettre
        
        
          en péril l’économie des projets. Les entreprises du monde de la
        
        
          construction ont pleinement pris conscience de l’importance de
        
        
          bâtir en tenant compte de ce principe. Ainsi, les principaux
        
        
          acteurs du secteur de la conception, réalisation et maintenance
        
        
          des infrastructures routières se sont engagés début 2009 auprès
        
        
          du ministère en charge de l’écologie sur un ensemble de points
        
        
          à améliorer en vue d’atteindre les objectifs du développement
        
        
          durable dans ce secteur. Parmi les défis à relever, l’un revêt une
        
        
          importance primordiale pour les entreprises de terrassement : il
        
        
          s’agit de la valorisation de l’ensemble des matériaux naturels
        
        
          excavés sur chantiers pour atteindre d’ici 2020 l’objectif « zéro
        
        
          apport extérieur » (Ministère en charge de l’environnement
        
        
          2009). En effet, parmi les sols extraits, tous ne peuvent pas être
        
        
          utilisés directement comme matériaux de construction, en raison
        
        
          de leur nature ou de leur état hydrique. Il s’agit par exemple de
        
        
          sols très argileux, ou de sols dont la teneur en eau est trop
        
        
          élevée, ou au contraire trop faible par rapport à l’optimum de
        
        
          mise en œuvre. Ne pas valoriser ces matériaux revient à les
        
        
          considérer comme des déchets et nécessite alors de les évacuer
        
        
          en dépôts. Le déséquilibre de volume ainsi créé est alors
        
        
          fréquemment compensé par un apport de granulats extraits de
        
        
          carrières dont l’impact environnemental est plus élevé.
        
        
          Répondre à l’objectif de valorisation des matériaux du site passe
        
        
          à la fois par le développement des techniques traditionnelles de
        
        
          traitement des sols (chaux, liants hydrauliques) mais aussi par
        
        
          l’étude de solutions innovantes. Dans ce contexte de
        
        
          diversification des techniques, l’utilisation de produits non
        
        
          traditionnels organiques issus de diverses industries (pétrolière,
        
        
          papetière, sucrière, etc.) est proposée. Ces produits sont
        
        
          actuellement essentiellement utilisés pour la stabilisation de
        
        
          routes non revêtues (Scholen 1995, Surdahl 2007), ou dans une
        
        
          optique d’amélioration des performances mécaniques des sols
        
        
          (par exemple Tingle et Santoni 2003) et de réduction de leur
        
        
          potentiel de gonflement (Rajendran et Lytton 1997, Rauch
        
        
          
            et al.
          
        
        
          2003). Cependant, l’emploi des produits non traditionnels relève
        
        
          essentiellement de l’empirisme laissant une part importante
        
        
          d’incertitude quant à l’anticipation du comportement des sols
        
        
          traités.
        
        
          Au-delà des aspects uniquement techniques, il est également
        
        
          nécessaire d’aborder les traitements sous l’angle de leur bilan
        
        
          environnemental pour y intégrer plus amplement les aspects du
        
        
          développement durable. L’une des approches possibles est
        
        
          fondée sur les principes de l’analyse du cycle de vie (AFNOR
        
        
          2006). La seconde phase de cette étude consiste à calculer et à
        
        
          comparer les bilans environnementaux des différentes variantes
        
        
          de traitement sur l’ensemble des phases du cycle de vie de la
        
        
          construction d’un ouvrage en terre. En effet, l’utilisation des
        
        
          produits non traditionnels se heurte à un verrou technique