 
          1002
        
        
          Proceedings of the 18
        
        
          th
        
        
          International Conference on Soil Mechanics and Geotechnical Engineering, Paris 2013
        
        
          On présente Figure 5 la courbe contrainte-déformation pour
        
        
          un autre essai sur Caicos ooids. La variation de volume est
        
        
          essentiellement et nettement dilatante, après une brève phase de
        
        
          légère contraction. Les phases de relaxation observables sur la
        
        
          courbe de contrainte correspondent aux étapes de scan, durant
        
        
          lesquelles l’écrasement axial est stoppé pendant environ une
        
        
          heure ; elles sont au nombre de 16. Les incréments analysés ci-
        
        
          après sont signalés sur la courbe : un incrément en tout début
        
        
          d’essai, l’incrément juste avant le pic de résistance, et un
        
        
          incrément en palier, alors que la variation de volume globale a
        
        
          complètement cessé. En bas de la figure 5, on montre un sous-
        
        
          volume de grains sélectionnés dans la configuration initiale, et
        
        
          ce que deviennent ces grains en phase finale.
        
        
          La Figure 6 (haut et milieu) montre l’évolution du sous-
        
        
          volume au cours des trois incréments choisis. Un millier de
        
        
          grains constituent ce volume, dont on représente la position en
        
        
          début d’incrément avec le déplacement vertical au cours de
        
        
          l’incrément codé en couleur (ligne du haut), et la rotation de
        
        
          même (ligne du milieu). Les déplacements sont négatifs parce
        
        
          que dirigés vers le haut, puisque l’écrasement de l’échantillon
        
        
          est appliqué par le bas. Un déplacement de 1 pixel vaut 15,6
        
        
          µm. Dans le premier incrément, les déplacements correspondent
        
        
          à une déformation diffuse, et les rotations sont insignifiantes et
        
        
          non organisées spatialement. Dans l’incrément 2, les
        
        
          déplacements restent diffus mais leur gradient n’est plus
        
        
          vertical, ce qui indique une rotation globale ; c’est le résultat
        
        
          d’une bande de cisaillement naissante, régnant sur une large
        
        
          zone, qu’on observe macroscopiquement. Les rotations
        
        
          individuelles sont beaucoup plus grandes, mais toujours pas
        
        
          organisées spatialement. L’incrément 3 montre une bande de
        
        
          cisaillement complètement développée, nettement plus étroite
        
        
          que la dimension du sous-volume comme le révèle le gradient
        
        
          de déplacement très concentré. On observe la coexistence d’une
        
        
          bande et de blocs quasi rigides au sein du sous-volume), et
        
        
          confirme la concentration des grandes rotations autour de la
        
        
          bande, plus fortes en son milieu mais la débordant assez
        
        
          nettement comme déjà observé plus haut.
        
        
          La ligne du bas de la Figure 6 montre l’intensité des
        
        
          rotations dans des coupes verticales de l’échantillon complet,
        
        
          aux différents incréments. Les incréments 1 et 3 confirment les
        
        
          observations faites sur les sous-volumes, à savoir absence
        
        
          d’organisation dans le premier incrément, et forte concentration
        
        
          dans la bande dans l’incrément final. Cependant l’incrément 2,
        
        
          situé au pic, montre que les rotations sont organisées à l’échelle
        
        
          de l’échantillon, dans une bande large d’une quinzaine de
        
        
          grains, centrée sur ce qui deviendra la bande de cisaillement
        
        
          développée, nettement plus étroite, dans les incréments suivants.
        
        
          Il faut noter que l’observation des sous-volumes seulement ne
        
        
          permet pas de détecter cette phase d’organisation globale
        
        
          précoce, car elle se déroule à l’échelle de l’échantillon.
        
        
          4
        
        
          CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
        
        
          Les développements récents de la micro-tomographie à rayons
        
        
          X ont rendu possible d’imager en 3D de manière non-
        
        
          destructive et non-invasive des échantillons de matériaux à des
        
        
          résolutions qui étaient tout simplement inimaginables voici
        
        
          vingt ans. Dans le contexte de la mécanique des sols, c’est un
        
        
          vieux rêve qui est devenu réalité : suivre individuellement
        
        
          
            tous
          
        
        
          
            les grains
          
        
        
          d’un échantillon en cours de déformation. La
        
        
          combinaison de cette nouvelle capacité d’imagerie, avec un
        
        
          savoir-faire expérimental permettant de mener à bien des essais
        
        
          mécaniques représentatifs sous faisceau RX d’une part, et un
        
        
          savoir-faire numérique en analyse par corrélation d’image
        
        
          d’autre part, est extrêmement puissante. Nous sommes capables
        
        
          aujourd’hui d’extraire du volume énorme de données produites
        
        
          par ces essais, de nouveaux éléments d’analyse des mécanismes
        
        
          de déformation à l’œuvre au cœur des échantillons, tout au long
        
        
          d’un essai. On peut ainsi observer l’évolution de ces
        
        
          mécanismes aussi bien lors de la phase initiale de montée rapide
        
        
          de la résistance mobilisée, puis pendant que la déformation
        
        
          diffuse se développe, puis se localise et conduit finalement à un
        
        
          plateau caractérisé par une résistance résiduelle dégradée par
        
        
          rapport à la résistance de pic.
        
        
          Un projet long terme qui découle naturellement de ces
        
        
          observations consiste à étudier l’évolution des contacts et leur
        
        
          rôle dans les mécanismes observés. Des travaux dans cet esprit
        
        
          ont été effectués en 2D par Calvetti
        
        
          
            et al.
          
        
        
          (1997) ; le passage au
        
        
          3D est désormais possible.
        
        
          D’un point de vue théorique, l’étude des bandes de
        
        
          cisaillement repose sur une approche de bifurcation, qui fait
        
        
          jouer à la loi de comportement du matériau un rôle clé dans la
        
        
          recherche d’une discontinuité spatiale de la vitesse de
        
        
          déformation. Cependant, c’est seulement avec des approches en
        
        
          milieux enrichis que la notion d’épaisseur de bande de
        
        
          cisaillement émerge des équations. Les données expérimentales
        
        
          produites ici sont pertinentes pour établir de telles approches.
        
        
          Du point de vue de l’application, les résultats concernant le
        
        
          développement des bandes de cisaillement en 3D et leurs
        
        
          caractéristiques, par exemple l’épaisseur reliée à la taille des
        
        
          grains, sont importants. En effet la localisation de la
        
        
          déformation affecte souvent les ouvrages géotechniques, tels
        
        
          qu’excavations et pentes naturelles ou artificielles, digues et
        
        
          barrages, tunnels et galeries, forages, sites de stockage.
        
        
          Remarque : une version en couleur de ce texte est disponible :
        
        
        
          5
        
        
          REMERCIEMENTS
        
        
          Ces études ont été rendues possibles par le financement attribué
        
        
          par l’ANR « blanche » à deux projets successifs, MicroMODEX
        
        
          (2005-2008) et GeoBridge (2009-2013) qui ont permis de créer
        
        
          l’installation de tomographie et de rassembler ou développer
        
        
          autour d’elle les compétences et outils nécessaires.
        
        
          6
        
        
          REFERENCES
        
        
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            Powders and Grains
          
        
        
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          Andò, E., Hall, S.A., Viggiani, G., Desrues, J., and Bésuelle, P. (2012b)
        
        
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          study of localised deformation in Hostun sand under triaxial
        
        
          compression using x-ray
        
        
          µ
        
        
          CT and 3D digital image correlation.
        
        
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          for laboratory experimental geomechanics. Keynote paper in:
        
        
          Proceedings of the 4th International Symposium on Deformation
        
        
          Characteristics of Geomaterials, IOS Press, 1, 3-26.