 
          3295
        
        
          Technical Committee 210 + 201 /
        
        
          
            Comité technique 210 + 201
          
        
        
          les résultats de la modélisation : il est indispensable pour
        
        
          modéliser correctement le comportement des grands CFRD. En
        
        
          phase de construction, les résultats obtenus par les deux
        
        
          modèles correspondent bien aux mesures in-situ (7,4% d’erreur).
        
        
          A la fin de la mise en eau, l’écart entre les mesures et le calcul
        
        
          des maxima du déplacement amont-aval et du tassement avec le
        
        
          modèle de Mohr-Coulomb est de 117,3% et 42,5%
        
        
          respectivement au lieu de 6,5% et 25,8% avec L&K-Enroch.
        
        
          Sauf mention spéciale, les résultats présentés sont obtenus
        
        
          en utilisant le modèle L&K-Enroch.
        
        
          4.2
        
        
          
            Interprétation concernant l’origine des fissures de
          
        
        
          
            traction par flexion des grands CFRD
          
        
        
          La construction du masque amont du barrage de Mohale est
        
        
          effectuée en deux phases, afin d’avoir une protection vis-à-vis
        
        
          des crues. En effet, la première phase du masque achevée,
        
        
          permet de disposer d’un batardeau incorporé au CFRD.
        
        
          Selon les résultats de l’analyse, aucune séparation entre le
        
        
          masque et le remblai n’est constatée lors de la première phase
        
        
          de construction du masque. Ensuite, la construction du remblai
        
        
          se poursuit, d’abord par la zone aval du remblai (zone 3C). Une
        
        
          fois que l’altitude de la partie amont du remblai et celle aval
        
        
          atteignent le même niveau (El. 2040 m). La construction se finit
        
        
          couche par couche (amont et aval en même phase) jusqu’à la
        
        
          crête (El. 2078 m). Pendant ces phases de construction, les
        
        
          enrochements du corps du barrage continuent à se déformer à
        
        
          cause du poids des couches rajoutées. En revanche, le masque
        
        
          amont en béton ne se déforme que très peu (le module de Young
        
        
          du béton est 100 à 1000 fois plus rigide que celui de
        
        
          l’enrochement), de telle sorte qu’une séparation horizontale
        
        
          importante (environ 26 cm) entre le masque et le remblai à
        
        
          l’altitude 2040 m se produit juste avant la construction de la
        
        
          deuxième partie du masque (Figure 3). C’est l’endroit où l’on a
        
        
          observé une fissure horizontale. Cette séparation a été
        
        
          également détectée sur les bords du masque.
        
        
          Figure 3. Séparation (<0) en m entre le masque et le remblai avant la
        
        
          deuxième phase de construction du masque
        
        
          Pour valider l’hypothèse que le phasage de la construction
        
        
          est bien à l’origine de la fissuration, la construction intégrale du
        
        
          masque une fois achevée, la totalité de la construction du
        
        
          remblai a été modélisée. Aucune séparation significative n’y est
        
        
          constatée. Si le fluage des enrochements est négligé, le
        
        
          tassement des enrochements n’a alors aucune influence sur la
        
        
          déformation du masque et son possible détachement (Figure 4).
        
        
          Figure 4. Séparation (<0) en m entre le masque et le remblai à la fin de
        
        
          la construction (Le masque construit après achèvement du remblai)
        
        
          Une fois que le vide existe entre le masque et le remblai, le
        
        
          masque travaille en porte-à-faux, ce qui peut induire
        
        
          l’apparition de fissures horizontales dues au poids propre du
        
        
          masque et de la pression d’eau.
        
        
          4.3
        
        
          
            Interprétation concernant l’origine des fissures de
          
        
        
          
            compression des grands CFRD
          
        
        
          Une fissure de compression a été souvent détectée au centre du
        
        
          masque lors de la phase de mise en eau. Ces fissures, qui ont ici
        
        
          une direction verticale, ont été observées dans plusieurs grands
        
        
          barrages tels que Tianshengqiao-I (Chine), Campos Novos
        
        
          (Brésil), Barra Grande (Brésil) ou Mohale (Lesotho).
        
        
          D’après les simulations présentées, une forte contrainte de
        
        
          compression d’environ 22 MPa au centre du masque est
        
        
          constatée lors de la phase de mise en eau finale (Figure 5).
        
        
          L’orientation de la contrainte principale en compression est
        
        
          horizontale. Cette forte compression peut dépasser la limite de
        
        
          la résistance à la compression du béton (20-25 MPa) et produire
        
        
          cette fissure verticale constatée au centre du masque.
        
        
          Figure 5. Champs de la contrainte principale majeure en Pa dans le
        
        
          masque en dernière phase de mise en eau
        
        
          Le déplacement des enrochements vers le centre de la vallée
        
        
          accentué par la mise en eau entraine le masque et provoque une
        
        
          zone de compression et une zone de traction au sein du masque.
        
        
          Le déplacement maximal simulé de la rive gauche vers la rive
        
        
          droite est d’environ 5,8 cm et le déplacement maximal simulé
        
        
          de la rive droite vers la rive gauche est d’environ 6,0 cm (Figure
        
        
          6). Le déplacement des enrochements vers le centre de la vallée
        
        
          induit une sollicitation tangentielle sur le masque par
        
        
          frottement. Il produit donc l’augmentation de contraintes de
        
        
          compression dans la partie centrale du masque et des contraintes
        
        
          de traction proches des rives.
        
        
          Sous l’effet de ces contraintes de compression et de la
        
        
          gravité et du bourrelet du remblai qui apparait au pied du
        
        
          masque, des fissures de flexion inclinées en pied de masque
        
        
          peuvent s’ajouter aux fissures de compression.
        
        
          Figure 6. Déplacements longitudinaux (X) en m à fin de mise en eau
        
        
          On peut aussi se poser la question de l’influence des joints
        
        
          verticaux du masque. En effet, l’épaisseur du masque diminue
        
        
          au niveau des joints, ce qui pourrait provoquer une
        
        
          concentration de contraintes à ces endroits là. Dans le cas de
        
        
          Tianshengqiao-1, l’épaisseur du masque est diminuée de 13 cm
        
        
          au niveau des joints verticaux (Cao et al., 2008).
        
        
          4.4
        
        
          
            Interprétation concernant l’origine des fissures de
          
        
        
          
            traction pure des grands CFRD
          
        
        
          Le béton a une résistance à la traction de l’ordre de 2 MPa. En
        
        
          phase de construction, les simulations numériques révèlent
        
        
          l’existence de contraintes de traction d’environ 6 MPa dans le
        
        
          masque et le long des rives (Figure 7). Ces tractions sont
        
        
          générées par les déplacements des enrochements vers le centre
        
        
          de la vallée. Afin de résister à ces efforts de traction, une à deux
        
        
          rangées d’aciers sont mises dans le masque. Tandis qu’un joint
        
        
          le long de la plinthe relâche les tractions au contact des rives.